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Alors qu'il ait du cheval dans la propriété de Lord Brixton, Paul se trouve face au sosie de l'instructeur. Stupéfait, il a un malaise.

Un jeune homme blond qui n'avait pas trente ans se tenait devant lui. Mince, élancé, il se tenait très droit. Très blond, il avait les yeux bleu dur et le fixait. Sa ressemblance avec l'instructeur de la prison Étoile était stupéfiante.

-Qui êtes-vous ?

L'homme blond ne parut pas entendre et conduisit son cheval dans la cour.

-Qui êtes-vous ?

Tout de même, l'inconnu répondit après être monté sur son cheval.

-Un invité comme vous. Votre cheval est magnifique. Vous êtes chanceux !

Il avait une cravache à la main. Ce maintien, ce visage, cette voix bien timbrée et autoritaire...Était-ce possible ?

-Vous êtes Ambranien, n'est-ce pas ?

-Ambranien ?

-Oui, votre allure, votre accent !

-Je ne comprends pas...

-Moi non plus...

-Quoi ?

En un instant, Paul se sentit si mal qu'il dut s'appuyer contre Souverain noir qui, équipé, s'était retourné et, posait sur lui des yeux inquisiteurs. Le cavalier remarqua bien le malaise de son interlocuteur mais n'en tint aucun compte et partit au trot avec son cheval.

-Attendez !

Pourquoi était-ce maintenant ? Pourquoi était-ce si violent ? Ce jeune homme cravache en main. Étoile.

-Cinquante quatre vingt trois deux cent sept.

Le cavalier arrêta son cheval et se retourna, fixant Paul.

-Vous faites du calcul ? Je suis allemand. Je ne comprends pas.

Sa ressemblance avec Markus Winger était cette fois hallucinante. Il avait la même voix et la même autorité glaçante.

Paul vacillait :

-Moi, si...

Agacé, le cavalier eut un sourire froid et s'éloigna.

Paul, médusé, sentit qu'il perdait connaissance. « Ce n'est pas lui, ce n'est pas lui ! Son visage était plus plein, son nez droit mais plus court, ses mains qui étaient moins fines....Sauf si c'est le contraire et que tout est pareil. Cette blondeur, cette voix, cette allure... »

Il lui semblait qu'à l'intérieur de son corps, tout se contractait et, allongé au sol, presque inconscient, était à l'écoute d'une voix lointaine mais railleuse et cruelle :

«Parce que tu crois que c'est fini, Paul ? Tu as vraiment cru ça ? Eh oui, ils t'ont opéré car ils étaient très inquiets et ils le sont restés, tu sais, avec raison...Extirper de toi ce qu'on y a mis....Médecins imbéciles...C'est moi qui suis en toi... »

Paul sentait contre sa joue l'haleine de son cheval. Il ne pouvait réagir, pris tout entier par cette voix cinglante et mauvaise :

«Disparu ? J'ai disparu ? Je n'ai rien oublié de toi et toi de moi. On a pensé à tout...Hein, regarde toi ! Aurais-tu imaginé cela ? Reconnais que c'est bien trouvé. Personne ne te croira. Tu es troublé, tu as des séquelles... »

Il entendit qu'on courait vers lui.

«Je te fais toujours de l'effet. Je dirai même plus : je ne vais plus cesser de t'en faire...Prépare-toi pour un labyrinthe de passion... »