Cette remarque, à partir du moment où Paul avait été non seulement bien accueilli mais bien épaulé à son arrivée à Londres, tombait fort mal. Elle fit le tour de l'école et ternit son image. Sous une apparence généreuse, cet exilé ne se montrait-il pas ingrat ? Par ailleurs, il se montra impoli avec plusieurs étudiants qu'il accueillait toujours chaleureusement dans son bureau en les éconduisant car il était fatigué. On murmura qu'il leur avait claqué la porte au nez et là encore, son image fut altérée. Quoi ? Il n'avait plus le temps ? Plus envie ? C'était une école chère : il se devait à ses étudiants.
Il commit enfin l'impair de répondre aux nombreuses attaques qu'il subissait sur internet alors qu'il avait toujours pris soin de ne pas le faire. Le résultat ne se fit pas attendre. On l'injuria bien sûr et on fouilla dans sa vie. On en était à ses enfants qu'il avait lâchement abandonnés...
-Ils vont trouver pour Eva et ils vont m'accabler ! Et puis celle-ci, par dépit, pourrait apporter de l'eau à leur moulin...
Paul passait par des phases d'abattement violent et Lisbeth lui conseilla de se faire porter pâle pour ses cours et d'accepter peu d'interviews pour le livre. Et puis, elle lui dit :
-Tu as besoin de soins. Tu passes d'un extrême à un autre. Tu es tantôt généreux tantôt perfide. Il t'arrive même d'être méchant. Ce n'est plus toi.
-J'avoue ne rien comprendre.
Il mentait car il se souvenait des paroles de Nikvist. Comme le lui avait annoncé le chirurgien, il croyait faire le bien quand il faisait le mal, démontrant ainsi qu'il était sous influence. Patiemment, lisbeth, reprit en prenant bien soin de ne pas trop le questionner.
-J'ai trouvé quelqu'un à Bath.
-Un médecin ?
-Oui.
-Mais quel médecin saurait me répondre ? En Suède, j'en ai vu plusieurs.
-Celui-là a une grande réputation et choisit ses patients avec soin. C'est un psychiatre de renom.
-Je ne me suis pas adressée à lui.
-Moi si.
Il ne fut pas difficile à décider. Il comprenait qu'il jouait contre la montre et devait réagir. Il aurait sombré. Dès que sa décision fut prise, il trouva comme attendu, un courrier sous sa porte. La feuille pliée en quatre contenait un message laconique qui, cette fois, était en ambranien.
Bath ? Bonne idée ?
Va savoir si cela
suffira.