2. Londres puis Bath.
Au matin de son départ, alors qu'il attendait son taxi pour aller à la gare, il eut une vision claire du bel instructeur. Celui le regardait droit dans les yeux, un sourire froid aux lèvres. Il était effrayant certes mais de nouveau séduisant, ce qui mettait Paul mal à l'aise.
-Il l'est très vite devenu pour moi. Mon dilemme est là.
Le voyage fut tranquille et, à Bath, Paul alla directement à son hôtel et s'y prélassa avant d'aller se promener. C'était une ravissante ville du comté de Somerset qui se targuait de disposer de thermes romains et d'une architecture de l'époque géorgienne de toute beauté. Distante de Londres de cent quatre vingt kilomètres, elle lui permettrait de rejoindre rapidement la capitale, si toutefois il trouvait une issue. Il aimait encore Daphne et souhaitait renouer avec elle mais pour l'heure, c'était Lisbeth qui annonçait son arrivée.
-L'Henrietta House Hotel. Parfait pour moi !
Sa femme avait beau l'avoir souvent exaspéré, il était soulagé qu'elle vienne. Elle avait raison : elle comprenait qu'il était en danger et s'en souciait. En l'ayant à ses côtés, il serait plus fort. Du reste, il guetta son arrivée.
-Comparons nos chambres !
-Si tu veux, Paul !
Ils passèrent d'un hôtel à l'autre.
-La tienne est plus belle !
Lisbeth riait mais elle était au fait des choses. Il lui avait dit :
-Je refusais de l'admettre mais je suis sous influence. J'ai la sensation qu'on me transforme malgré les interventions chirurgicales précédentes.
-Tu montes haut, pas moi. Dès que tu as pu ici, en Angleterre, tu as parlé. Et tu as écrit. Cela inspire de l'aigreur.
-Il y a longtemps que je n'avais pas eu peur.
-Pour toi ?
-Pour elles aussi. Eva, Daphne.
-Il les menace ?
-Qui ?
-Celui qui m'obsède.
-Tu pourrais toi-aussi avoir peur de lui...
-Moi, ici, je suis passe muraille. Pourquoi s'en prendre à moi ? Et Dieu pourvoit, tu connais mes théories. A toute personne attaquée par les forces du Mal, il faut un allié qui aime prier.
Paul ne put que sourire mais il le fit sans moquerie. L'aide de Lisbeth serait précieuse.
Pourtant, le lendemain, on lui remit à la réception de son hôtel, un volumineux courrier. Comme à l'habitude, il n'avait pas été posté mais déposé. Paul y trouva des photos : sur l'une d'elle, l'instructeur gisait mort, une balle dans la tête. Sur une autre, il était à cheval dans le château du Kent où le père de Daphne avait fait venir des cavaliers. Il était aussi dans un café d'où il observait Paul qui rentrait chez lui puis il montait une voiture et le suivait. Il était très près d'Eva qui s'achetait des vêtements dans une boutique de luxe et ne faisait pas attention à lui et il déambulait à l'étage dans la belle librairie de Daphne où il achetait des livres.
-J'ai eu du courrier, dit-il à Lisbeth.
Il la vit pâlir tandis que l'une après l'autre, elle regardait les photos.
-J'ai choisi de venir et je crois que cela vaut mieux. Il te montre qu'au delà de la mort, il est puissant.
-Ce sont des attaques en règle.
-A cela près que tu ne peux rien prouver. L'habileté est là...