ANDRE BRASILIER

 

Paul Barnes s'est mis à l'écart pour déjouer les pièges tendus par le fantôme dee son ancien Instructeur. Mais celui-ci vient de disparaître pour la seconde fois...

Comme beaucoup de médecin, Shieffield cherchait le désordre et la faille. S'il avait été moins expérimenté et aussi moins admiratif de Paul, il aurait donné un nom à ses propos peu vraisemblables et isolé une sorte de délire qui satisfaisait son patient. Mais celui-ci était singulier, ne serait-ce que par ce qu'il avait vécu avant d'arriver en Angleterre et il n'avait jamais donné aucun signe de désordre dans les emplois qu'il avait occupés. A l'école de journalisme, ses étudiants l'adoraient et les chroniques qu'il livrait régulièrement à un magazine à grands tirages ne montraient aucune faille. Dans sa logique, qui lui était propre, il était totalement vrai. L'enfermer dans le cadre strict d'une pathologie aurait été une erreur. Shieffield, bien que surpris et perplexe, ne la commit pas.

Quand il revit Paul pour un autre entretien, il lui dit :

-Un meurtre immatériel, sans indices, sans témoin...

Paul soupira puis se cabra :

-Laissez moi l'instructeur, laissez le moi. Il a fait jaillir le trouble dans ma vie, la violence, la brutalité et l'ambivalence mais tout cela m'appartient.

Il y avait trop de souffrance en Paul pour que Sheffield n'intervînt.pas

-Je vous le laisse, monsieur Barne.

Plus tard, il lui dit :

-Vous nous quitterez et retournerez à Londres ?

-Oui, il le faudrait car il me faut trouver un nouvel appartement. Je ne donnerai plus de cours mais je suis journaliste et voudrait travailler. Et il y a mon livre...

-Vous pouvez envisager de vous partager entre Bath et Londres. Je vous donnerai une autre chambre par contre...

-Oui, c'est en effet une offre généreuse.

Il l'accepta. A Londres, il ne déménagea pas mais Lisbeth vint souvent et occupa la chambre d'amis. La vie suivait son cours et des réponses tardives arrivaient à de lourdes questions. Lisbeth qui lisait beaucoup la presse y avait trouvé un entrefilet qu'elle lui fit lire.Dans le Kent, non loin du château de lord Brixton, deux jeunes étrangers qui travaillaient en Angleterre avaient trouvé la mort dans un accident de la circulation. Il s'agissait de Merskin Gruwa,et de Wisam Krugern. Un accident de la route très violent qui avait eu lieu le lendemain de la mort de l'instructeur. Il fut à la fois et sidéré. Tout prenait sens. Lisbeth ne posa pas de question et il ne fut pas bavard. Il se dit tout de même qu'elle était plus clairvoyante que lui car pour elle lutter contre le Mal était un combat quotidien. Elle s'y était accoutumée depuis longtemps, priant et se préservant.