Paul retrouva la cellule qui l'avait abrité et demanda à y être seul un moment. Il y avait neuf ans qu'il avait échappé à Étoile et trois qu'il n'y avait plus de politiques ni détenus normaux. En dernier lieu, il était resté des droits communs...Cela signifiait qu'après avoir reçu ses successeurs, sa cellule était restée vacante...Il en retrouvait bien la configuration. Le petit lit, la salle de bain glaçante, le bureau fixé au sol, les chaises et les pauvres rayonnages....Xest, l'immonde gardienne qui le lorgnait quand il était nu et cet imbécile de Koba, qui lui avait succédé lui revenaient en mémoire. Les cris, les gifles, la fouille au corps et cet immonde accouplement que Winger lui avait reproché alors même que probablement il l'avait programmé...Presque un an de souffrance...Et l'Instructeur, bien sûr, omniprésent et cruel...
Esmed, muet et en souffrance, ne disait rien. Paul dut le rassurer.
-C'est une visite difficile. Tu es très courageux.
-Vraiment ?
-Oui. Ce ne sera plus jamais une prison, tu sais !
-Ce n'est pas le sujet, Paul, je ne peux pas comprendre.
-C'était une machine à broyer. Je l'ai écrit et ne suis pas le seul.
-C'est la fin de tout. Une désespérance …
Il dut lui serrer le bras pour lui dire de se reprendre. Pauvre Esmed qui réalisait soudain que le sort de ses parents n'était pas le pire !
-Allons voir les bureaux d'interrogatoire.
-Oui, monsieur Barne.
Il fallait monter et descendre des escaliers, emprunter des couloirs. C'était loin à dessein, Paul le comprenait. Plus on avançait vers le bureau où on était attendu, plus on avait peur...Il se souvenait très bien du bureau de Winger et de nouveau, il demanda être seul. Son courage, encore présent, s'amenuisait et une sourde détresse le remplaçait. De nouveau, et bien que la prison eût cessé toute activité, il était au cœur du mal...
-Tu dois rester à l'extérieur et vous aussi, monsieur.
Esmed se débattait :
-Non, Paul, écoute.
-Reste avec le guide. C'est le mieux que tu puisses faire.
-Je refuse.
-Pourriez vous écarter ? Je vous appellerai quand j'aurais terminé.
-Bien sûr, monsieur Barne. Nous quittons ce couloir.
Esmed lança à Paul un regard noir mais obéit.
Paul entra.
DS. Cinquante quatre vingt trois. Deux cent sept neuf.