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LE VISIBLE ET L'INVISIBLE. FRANCE ELLE.
26 octobre 2021

Sévère et Jeanne D. Partie 1. Jeux cruels de l'enfance.

jeux CRUELS ENFANCE

Et il y avait le cirque aussi. On y allait en famille car, à l’époque, c’était un divertissement prisé. Il en venait à Lisieux comme ailleurs. J’aimais bien le dompteur, les écuyères et les équilibristes. Je raillais le clown au gros nez rouge qui ne faisait que des sottises et trouvais logique qu’il fût moqué par l’autre clown, le « noble », celui qui était tout en blanc. C’était la fête. On riait beaucoup et tout le monde se réjouissait. Chez nous, on la prolongeait, cette fête : on y jouait. Mais les données étaient différentes. Le cirque, le nôtre, pas le vrai, c’étaient des cordes qui attachaient de manière compliquée des « trapézistes » qui n’auraient pas fait de leurs tentatives une profession, des « équilibristes » qui faisaient leur possible …On passait des liens autour de leurs corps pour qu’ils puissent se balancer, tête en bas, ou avancer sur un fil de fer sans faire de violente chute. En fait, on jouait au ligotage et je crois bien que j’étais très doué. J’ai des souvenirs très nets de cela : les cordes, les liens…

Nos parents riaient. Nous aussi on riait. Ce n’était pas un vrai spectacle de cirque. Bien sûr, on répartissait les rôles pour que ça fasse vrai. L’une de nous faisait la présentatrice, l’autre le dompteur, un troisième le fameux clown blanc et bien tendu, on finissait par en trouver un qui endossait le rôle du mauvais clown, celui qui a une perruque rouge, se fait détester de tous y compris des jolies vendeuses à l’entracte et bien entendu a besoin qu’on le rappelle à l’ordre.

Je trouvais des « Petits Michel », le premier en titre s’étant dérobé à nos jeux.

J’avais onze, douze ans.

Je savais, je savais déjà. Il est bon de guetter une proie, de lui donner l’illusion qu’elle a une marge de manœuvre et de lui faire perdre cette illusion. Enfant, on trouve des subterfuges : tu as oublié de prévenir un tel, tu ne sais pas ton mot de passe, tu as perdu ton sauf-conduit, tu t’es écarté des autres. Tu seras puni : tu resteras attaché, tu devras parler de gré ou de force. Et ainsi de suite.

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