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LE VISIBLE ET L'INVISIBLE. FRANCE ELLE.
25 avril 2021

Léo. Illusions à perdre. (2)

Il a tout de même pu valider sa première année mais il a commencé à comprendre. Il lui fallait plus d'argent qu'il n'en avait et les boulots qu'il trouvait ça et là ne le renflouaient pas assez. Il a tout de même travaillé tout l'été avant d'entrer en seconde année et est allé à Lyon voir sa mère. Elle s'est montrée inflexible, refusant d'augmenter l'aide qu'elle lui accordait. Elle ne voyait pas l'intérêt qu'il étudie l'anglais ; tout le monde faisait ça. De toute façon, avec sa tête de rital...Léo est revenu fâché à Paris et tout a repris: les cours, les petits boulots, le fait qu'il courait tout le temps et devait veiller pour étudier. Sans s'en rendre compte, il menait une vis spartiate qui lui convenait mal et le rendait risible. En fac, il ne rencontrait pas beaucoup de soutien. Pourtant extérieurement, il avait quelques copains qui sortaient bien plus que lui et s'amusaient. Il passait pour austère. 

Quand il pensait à ce qu'il était et à l'effet qu'il faisait aux autres, Léo pouvait être assez clairvoyant. Assez grand, mince, les yeux verts, les cheveux châtain clair, il se savait assez beau. De ce côté là, on ne pouvait l'embêter. Il avait peu de moyens financiers et disposait en conséquence d'une garde robe modeste mais non dénuée de cachet. C'était un bosseur et un bon élève. S'il s'effondrait, il remontait tout de suite la pente. Là aussi, il sentait qu'il inspirait le respect. Mais il était trop solitaire, trop orgueilleux dans son dénuement pour être pris en sympathie et surtout, il était inaccessible aux filles comme aux garçons. Bon, parce qu'il ne fallait pas exagérer, quand on est attirant comme ça, on céde. Enfin, normalement, car lui, non. Au lycée, à Lyon, il avait eu des petites amis et aussi, de façon plus cachée,un petit ami. A Paris, il ne vivait rien. C'était déconcertant.

"Une fille chez moi, je n'aurais pas voulu. Je faisais des économies sur tout : elle aurait ri. Et si j'avais un petit ami à la fac, ce n'est pas qu'on aurait pris ça mal, je dirais même le contraire, mais c'était donner raisons aux fous de pronostics; Ah, je t'avais bien dit que...Et puis, ceux qui voulaient frayer avec moi avaient un standing social qui n'était pas le mien. Intellectuellement, ça ne m'aurait pas intimidé car j'étais bon en anglais, curieux de tout et bon lecteur. Ce n'est parce que j'étais réservé que je n'étais pas capable de parler avec passion d'un auteur que j'aimais; de ce côté là, on n'aurait pu me prendre en défaut. Mais ça me contraignait à baisser ma garde. Voilà, j'étais avec cet étudiant là, celui qui a des cheveux bruns un peu trop longs. C'était me mettre dans une case. Non. A l'époque, j'étais un peu perdu affectivement et sexuellement. C'était quoi, avoir des aventures, décider qu'on est hétérosexuel ou homosexuel, affirmer que non, on est bisexuel, être avec quelqu'un, revendiquer son amour pour un autre? A quoi ça rimait au juste ? Je voulais être seul. je préférais. Je l'étais"

Au fond, pour Léo, tout aurait pu continuer ainsi. Après ces trois années d'université, il comptait aller en Angleterre ou aux Etats-Unis pour être lecteur dans une université. Là, il se serait certainement détendu, aurait changé. Sa beauté un peu lointaine attirait. Elle irritait car il se rétractait mais puisqu'il se laissait aller, elle aurait attiré à lui le plaisir, la séduction et peut être l'amour...

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