Je me suis vue travaillant comme une folle pour toujours revenir vers elle puisque ce besoin de recoller les morceaux était vital, chez moi. C'était vain et stupide mais si je restais là où j'étais, je serais sans cesse happée par cet intense désarroi qui me faisait toujours me présenter devant elle, qui hurlait. Je n’ai pas trouvé d’autre solution que de disparaître. J'ai repris mon travail à Chartres et un soir, au lieu de rentrer chez moi, j’ai tout abandonné. J'ai pris un train de nuit pour Paris puis ai poursuivi vers Strasbourg. Là, j'ai passé deux nuits dans un hôtel minable, me suis acheté une valise et l'ai rempli de vêtements bon marché. Puis, je suis partie en stop vers l'Allemagne. Je savais que je devais quitter la France si je ne voulais pas être localisée. Car je me doutais bien que mes parents avertiraient la police. Ils l'ont fait bien sûr, mais j'étais majeure, ne vivais plus chez eux et ne m'étais jamais manifestée pour porter plainte. Je pouvais juste avoir décidé de vivre ma vie...