Encore jeune et mal dégrossi, celui qui deviendra George Michael, se cherche. Il n'est pas sûr des études qu'il veut faire mais fait déjà parti d'un groupe, The Executive...
Non, le souci, c'était le fils. La guitare, les cours de solfège et de chants, Kyriakos avait cru que c'était une lubie qui lui passerait mais il devait bien admettre que c'était plutôt une passion. Il fallait encore espérer que jouer dans des clubs le samedi soir lui suffirait...
-Dis donc, des concerts endiablés dans le garage avec Andrew, c'est fin drôle mais ton avenir ?
-Être styliste me plairait bien.
-Nous t'avions proposé une école privée...
-Oui mais non...
-Tu n'as pas que la musique en vue alors ?
-Non...
-Styliste ? Mais c'est cher ces écoles-là. Et c'est à Londres...
-Je peux travailler pendant un an et payer ensuite une bonne partie des cours...
-Ah oui ? Ah bon...
-Ne t'inquiète pas, papa. Je gère.
En fait, Georgios avait d'autres projets qu'il gardait secrets. Avec son père, il ne pouvait pas être frontal. Avec Andrew, il avait fondé un premier groupe dont personne n'avait entendu parler mais ils avaient cimenté une amitié qui sous tendait leur élan artistique. Ils n'avaient après tout que douze ou treize ans. Seulement, le temps passant, il en avaient eu seize et terminé le lycée. On était en 1979 et là, ça devenait sérieux. Un deuxième groupe voyait le jour. Toujours fort de leur alliance, Andrew et Georgios s'étaient adjoint un troisième larron, David Mortimer, très anglais et très drôle. Et il y en avait un autre, un jeune musicien plein d'allant, Andrew Leaver.
A sa mère, Georgios avait asséné :
-On a formé un groupe de Ska, The Executive et on aura du succès.
Elle ne demandait qu'à le croire.
-Dans le groupe, on est quatre mais Paul, le frère d'Andrew nous épaulera aussi. En fait, on sera plutôt cinq ! On a modifié nos prénoms, tu sais. Moi, je m'appelle George. Ça sonne beaucoup mieux !
-Tu renonces à ton prénom grec...Peut-être que ton père...
-Il est au courant.
-Vraiment ?
-Je gère. Je vous le dis tout le temps.
