Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
LE VISIBLE ET L'INVISIBLE. FRANCE ELLE.
3 décembre 2023

Round Here. Partie 3. Un portrait de Kenny.

 KKKKKKK

Se tenant droit, portant beau mais sans affectation, Kenny cachait bien son jeu. A sa naissance, en septembre 1958, les fées marraines ne s'étaient pas exactement penchées sur son berceau. A Bromwood, au Texas, Earl et Ozzell Goss s'étaient bien réjouis de l'arrivée dans ce monde d'un beau petit garçon, le second d'une fratrie qui possédait déjà un garçon, prénommé Tim. Earl, qui avait passé des années dans l'armée, s'était ensuite reconverti dans la vente. C'était un homme intransigeant qui avait élevé ses deux fils à la dure, empêchant leur mère, dont le caractère était plus nuancé, de s'interposer. Cette éducation spartiate avait certes marqué Kenny mais moins toutefois que l'alcoolisme parental. Car l'un et l'autre buvaient et se disputaient tellement que même des années après, le fier Texan préférait mentir et enjoliver ses souvenirs plutôt que d'évoquer l’éthylisme parental...Franchement, il avait eu une enfance difficile, son frère s'en sortant bizarrement mieux que lui, mais il était volontaire, courageux et opiniâtre aux études. Il avait étudié les sciences politiques et le commerce à l'Université Nord du Texas et comme il savait faire feu de tout bois , il avait commencé très tôt, à vendre des fournitures pour Pom Pom girls. Voilà un choix qui pouvait paraître futile et ne pas mener très loin, mais Kenny s'en était très bien sorti. Il était clair qu'il avait le sens des affaires et savait faire des bénéfices. Visant plus haut, il s'était reconverti dans les transactions immobilières où il se montrait tout aussi adroit et, depuis quelques temps, il s'intéressait au marché de l'art où il y avait de l'argent à faire. Il avait donc bien réussi et à trente huit ans, paraissait sûr de lui. C'était toutefois, une approche toute extérieure car, quoi qu'il en dise, Kenny restait marqué par les monumentales soirées de beuveries auxquelles ses parents l'avaient contraints d'assister d'une part et sur l'obligation qu'il avait eue de cacher son orientation affective en fréquentant longuement une Pom Pom girl pour donner le change. Il avait eu son lot de mauvaises paroles et de railleries. Aussi, et bien qu'il se soit affirmé professionnellement, il lui arrivait encore d'avoir des périodes de dérive où lui-aussi buvait, se maudissant ensuite de suivre la pente parentale. Comme il était fort et avait une bonne estime de lui-même, il se redressait mais souvent, il se sentait seul, l'harmonie amoureuse n'étant pas au rendez-vous depuis quelques temps.

 

Publicité
Publicité
Commentaires
LE VISIBLE ET L'INVISIBLE. FRANCE ELLE.
Publicité
Archives
Publicité