Le 15 juillet 1997, Gianni Versace rentrait chez lui après un tour matinal dans les artères principales de Miami. Alors qu'il ouvrait avec sa clé la porte de sa fastueuse demeure, un jeune homme l'interpella. Il n'eut que le temps de se retourner. L'inconnu lui tirait dessus à bout portant. Effaré, Versace eut le dire de murmurer : Non, oh non ...

J'ai entendu 'Bam ! Bam !' Mon sang s'est immédiatement glacé. Quand j'ai vu le sang, j'ai essayé de crier, mais aucun son n'est sorti de ma bouche, déclarerait son compagnon, Antonio D'Amico.

Versace n'en réchapperait pas, malgré son rapide transfert à l'hôpital. Bon sang, Versace ! En 1972, cet Italien du sud était arrivé à Milan pour y travailler dans la mode et en 1978, il avait créé sa propre maison de mode avec son frère Santo et sa sœur Donatella. L'ascension de celui qui, à Reggio di Calabria, avait été un enfant joufflu et moqué, avait été fulgurante, faisant de lui une figure de proue de la Haute couture. A Miami, il avait racheté la Casa Casuarina qu'il avait entièrement rénovée avec des matériaux venus d'Italie et en avait fait une demeure époustouflante. A cinquante ans, il était en pleine gloire mais assez confiant et sain, malgré tout pour se promener à Miami sans garde du corps. Tout le monde le connaissait, non ? Et il ne voulait de mal à personne...Son meurtrier, Andrew Cunanam avait vingt sept ans. Rapidement identifié, il n'avait pas été difficile à localiser. Le 27 juillet, cerné, il s'était tiré une balle dans la bouche pour ne pas être pris vivant. Pourquoi ce personnage plutôt louche avait-il jeté son dévolu sur Versace ? Tout était soumis à hypothèse. Avait-il approché le maître et été éconduit ? S'était-'il juré de tuer une personnalité après avoir fait quatre victimes inconnues de tous ? Avait-il été pris de délires en se trouvant face à un homme très riche ? Saisissait-il sa chance pour lier d'une singulière façon son nom à celui d'un prince de la mode ? On décrirait Cunanam comme un jeune plutôt bien de sa personne et soucieux de son apparence... Pour le moment, nul ne le savait mais quand la presse et les médias eurent relaté cette mort tragique, la stupeur et l'effarement furent à leur comble...