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LE VISIBLE ET L'INVISIBLE. FRANCE ELLE.
29 avril 2023

ISEE ET LES DEUX VISAGES. Partie 3. Luxe et jazz à New York.

 

SHOTTTTTT

 

A New York, la jeune Isée commence d'excellentes vacances aurès de Phillip Hammer, son "ami" américain et Vincent, le compagnon de celui-ci. L'aisance matérielle et intellectuelle de son hôte la fascine...

J'étais chez lui et son intérieur était magnifique; c'était la demeure d'un bourgeois éclairé et cultivé. Boiseries, paravents, mélange de style, miroirs et vases d'orchidées fraîches. Tout y était réellement très beau et sachant que j'allais dormir là, je me sentais prête à accepter ses sourires comme ses regards en coin. Nous discutâmes un bon moment avant d'avaler un en-cas et de rendre sur les lieux où Vincent jouerait. Ce n'était pas très grand et il était visible que les gens qui étaient là n'avaient pas de fin de mois difficile. Dès que les musiciens apparurent, j'appréciais leur professionnalisme. Ils portaient tous des costumes noirs et des cravates blanches et étaient manifestement habitués à jouer dans ce type de salle. ils pratiquaient un jazz éclectique mais tout de même très contemporain, très éloigné de la légende qu'avait pu faire naître des gens comme Duke Ellington. Ils enchaînaient des morceaux tantôt gais tantôt mélancoliques qui privilégiaient les solos. Le saxophoniste, le trompettiste, le percussionniste et le guitariste avaient chacun l'occasion de se mettre en valeur et ils n'hésitaient pas à se surpasser dès que leur heure était venue. Peu habituée à écouter ce style de musique, je ne reconnaissais aucun des airs joués mais dans le public, certains se montraient enthousiastes. Il y avait des salves d'applaudissement. Manifestement, ils avaient tablé sur des musiques qui avaient fait leurs preuves tout y adjoignant des compositions personnelles qui étaient plutôt appréciées. J'adorai quand l'orchestre joua un de cet air qu'il avait créé, Delta Autumn, où le solo de trompette de Vincent me parut mélancolique mais très pur. Il m'évoqua un passage de Frankie Addams, de Carson Mac Culler, où la très jeune héroïne assise devant chez elle un soir entend un air semblable dont la tristesse voilée la renvoie à sa propre instabilité adolescente, comme si le trompettiste inconnu d'elle et probablement noir saisissait au vol son vague à l'âme. C'était un air très beau et très singulier et je me promis de l'évoquer avec son principal interprète. A priori, nous n'étions pas si nombreux à l'apprécier à sa juste valeur car d'autres airs furent bien plus applaudis, mais cela était sans importance. L'orchestre se produisit pendant deux heures environ, avec une coupure d'une vingtaine de minutes. Les gens aimaient beaucoup mais je fus dérangée par le fait que ni le bar ni le restaurant ne s'arrêtait de fonctionner, des commandes arrivant sur toutes les tables Pour moi, réduire la prestation de ce jeune orchestre à un dîner-spectacle était grandement dévalorisant mais quand, avec ma naïveté habituelle, je le dis à Hammer. Je vis celui-ci froncer les sourcils et hocher la tête d'un air désapprobateur.

-Ils doivent faire avec. La concurrence est énorme à New York. En trois ans, ils ont décroché des contrats dans plusieurs boites très connues et on parle d'eux dans les guides locaux et touristiques. Croyez-moi, ils ont un bon niveau et les critiques sur eux sont positives. Que les gens mangent des hamburgers pendant qu'ils jouent de la musique, s'interpellent et commandent à boire à voix haute n'entre pas en ligne de compte.

-Ah d'accord...

-C'est pareil à Paris, non?

-Je ne sais pas.

-Si.

Il m'avait commandé un burger- frites d'une taille invraisemblable pour moi et mordait, lui, dans un steak délicieux accompagné de salade. C'était son choix et il avait insisté pour la salade. Voilà un homme qui surveillait son poids comme son apparence, livrant ses cheveux à un très bon coiffeur et ses mains à une manucure. Il portait beau, ayant les moyens de ne pas s'habiller n'importe où et surtout pas n'importe comment car il mariait les styles, les matières et les couleurs ce qui chez lui était absolument réussi. Il avait troqué son costume de l'après-midi contre un autre, très bien coupé lui-aussi, qu'il portait avec une chemise bordeaux et une cravate grise. Il était superbe et, hautain, il en était conscient. J'étais loin d'avoir une aussi belle apparence mais je n'étais pas laide et j'étais svelte. Par contre, s'il commandait à chaque fois pour moi des plats délicieux mais très caloriques comme il le faisait, je risquais voir de voir ma mince silhouette s'épaissir...Il faudrait que je lui en parle...

 

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