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LE VISIBLE ET L'INVISIBLE. FRANCE ELLE.
25 avril 2021

Roland Desaistre, le Toulousain. Rien de mal à ce qu'il fait. (2)

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Rousse, longue, mince et le visage fermé, l'autre fille, Clara, est plus distante. Elle a vingt-six ans. Elle a fait son droit et est avocate à Périgueux. Son père lui rend service en étant chef d'entreprise car cela lui permet d'afficher une bonne naissance mais elle ne s'intéresse pas à lui. Elle préfère sa mère qui s'est remariée à un médecin espagnol et vit désormais à Madrid. Sa sœur Mélanie est trop différente d'elle. Elle lui paraît sans ambition depuis qu'elle a arrêté ses études et a eu ses filles. Que son père ait une vie amoureuse et /ou sexuelle ne la concerne pas. Cependant, elle est magistrat et n'aimerait pas qu'il l'embête avec une histoire qui fasse la une des journaux. Il se tient bien. Ça l'arrange. Elle est à l'âge des carrières et des réussites. Elle veut réussir la sienne. Pour le compagnon, elle verra plus tard. La vie de Roland semble donc lisse. Il est bien inséré socialement et inspire l'admiration par sa réussite. Il est admis que, désormais, on ne le voit jamais avec une femme. Tout le monde s'en accommode. Lui, non. Il recourt à la prostitution trois à quatre fois par mois, dans la rue, les bars ou les salons de massage, pour un budget moyen de 200 euros mensuels. Bordeaux étant une « terre difficile » pour lui, il ne prend pas de risques et va à Toulouse.

 Quelquefois, quand il revient dans sa grande villa solitaire, près de l'aéroport, il aimerait dire pourquoi il ne voit rien de mal à ce qu'il fait. Quand il accoste ces femmes dans la rue, s'installe sur le lit de massage du salon qu'il préfère ou offre un whisky à une entraîneuse, il va vers le plaisir. Si on venait à l'interroger sur ses pratiques, voilà ce qu'il dirait :

 «Je crois que ça a été un rêve d’enfance. Quand j’étais gamin, dans la ville où j’habitais, il y avait des prostituées partout, partout. Bon, enfin, j'exagère : on va penser que Toulouse ! Disons qu'il y avait beaucoup de « filles » autour de chez moi. Moi, j’avais 14 ans et je voyais ça comme une merveille, vraiment des femmes dans toute l’acception du terme. Je parle bien sûr de leurs longues jambes, de leurs seins à demi-offerts et de leur maquillage mais aussi de leurs façons d'être...Elles étaient là, elles souriaient... Je ne sais pas. Ils se dégageaient d'elles une sorte de parfum...Et je me disais, un jour, dans pas longtemps j’espère, je vais aller les voir. Et la première fois, je devais avoir 15 ou 16 ans. Bon, j’avais une copine à ce moment-là, mais c’est fondamentalement différent de ce qu’on peut avoir avec une copine. En plus, moi, j’avais vraiment cette image d’une femme complète sur un plan érotique, alors que les autres, ce n’était que des amatrices. Il y a longtemps, je ne me souviens pas du détail, mais enfin, oui, c’était ça. Bon, ça n’a pas été extraordinaire, extraordinaire. J’en suis sorti euphorique. C’était tellement facile ! Et pourquoi ne pas recommencer ? Et comment ça se fait que les gens ne le fassent pas plus souvent ? »

Il sait bien sûr qu'on le contrerait mais il aurait plaisir à cette conversation ! Au moins, il serait sincère là où, lui semble-t-il, beaucoup mentent.

 

 

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